Jeudi 7 novembre à 17h : Eleonore Chanlat-Bernard, « La mise à l’agenda du problème des famines par l’État colonial britannique au Bengale en 1866 »
En 1865-1866 une grave famine frappe l’Orissa, une région située au sud des territoires relevant du gouvernement britannique du Bengale. Près d’un siècle après la famine de 1770, qui marqua les débuts de la domination coloniale britannique au Bengale, et près de quinze ans après la fin de la grande famine irlandaise, plus d’un million d’Indiens meurent de faim. La gestion désastreuse de la famine par les autorités coloniales britanniques suscite un scandale public dans la capitale coloniale et en métropole. En réponse à cette mise en cause, en particulier par les élites de Calcutta, la capitale coloniale, les autorités impériales nomment une commission d’enquête chargée d’analyser les échecs et de proposer des recommandations pour lutter contre la famine. La famine devient donc un problème public au Bengale, dont les administrateurs rendent compte.
L’intervention se fera en deux temps. Elle présentera d’abord l’émergence d’un scandale public autour de la gestion désastreuse de la famine par les autorités coloniales. Comment l’inaction publique est-elle mise en cause dans un contexte de domination coloniale ? Par quels acteurs ? Avec quels enjeux ? Puis l’intervention abordera le travail de la commission d’enquête en revenant sur la genèse de la commission, sur les différentes catégories d’acteurs qui s’en emparent, sur ses principales conclusions, sur sa réception politique à Calcutta et à Londres, mais aussi sur ses limites. Une de ses principales conséquences est cependant le développement et l’organisation des savoirs d’État sur la pénurie.
Eléonore Chanlat-Bernard travaille sur un projet doctoral qui porte sur les politiques de la pénurie dans l’empire britannique au XIXe siècle, à partir du cas des famines au Bengale sous domination coloniale. Elle a publié plusieurs articles sur le sujet. Ancienne élève de l’ENS Ulm, agrégée d’histoire, elle enseigne l’histoire contemporaine et la géographie au lycée.