Muriel Pécastaing-Boissière, « Les biographies de Giordano Bruno par Annie Besant (publiées entre 1876 et 1911) : entre stratégie de justification et autobiographie occulte » (9 mars)

Jeudi 9 mars à 17h: Muriel Pécastaing-Boissière (Sorbonne Université), « Les biographies de Giordano Bruno par Annie Besant (publiées entre 1876 et 1911) : entre stratégie de justification et autobiographie occulte »

Le long parcours d’Annie Besant (1847-1933), libre-penseuse puis théosophe, socialiste, féministe, et anti-impérialiste en Inde, a longtemps décontenancé ses biographes, prompts à y voir fractures et inconsistance (cf. Arthur Nethercot, The First Five Lives of Annie Besant et The Last Four Lives of Annie Besant, 1960-3). Pourtant, si la quête intellectuelle et spirituelle de Besant connut plusieurs étapes, son développement n’en fut pas moins sous-tendu par une continuité de pensée, qu’un travail sur l’ensemble de ses écrits permet de retracer. Ainsi, parmi les textes de Besant négligés jusqu’ici par la recherche, se trouvent quatre biographies du philosophe de la Renaissance Giordano Bruno, mort au bûcher, à Rome, en 1600, publiées par Besant entre 1876 et 1911. Leur étude montre que la fascination de Besant pour Bruno forme une passerelle entre sa libre-pensée et sa théosophie. De plus, ces textes révèlent un fort processus d’identification, au point de pouvoir être lus comme des autobiographies occultes, qui permettent à Besant de prolonger les stratégies de justification de ses choix et de ses luttes, entamées dans ses Autobiographical Sketches (1885), et dans Annie Besant: An Autobiography (1893).

Muriel Pécastaing-Boissière est maîtresse de conférences en civilisation britannique (époque victorienne) à Sorbonne-Université. Son domaine de recherche actuel porte sur les liens entre le féminisme, le socialisme et le renouveau spirituel de la fin de l’époque victorienne. Sa biographie Annie Besant (1847-1933): Struggles and Quest a été publiée chez TPH, à Londres, en 2017.

Charles West (Sheffield), ‘The Lost Kingdom: a British perspective on the collapse of Lotharingia’ (23 fév.)

Jeudi 23 février à 17h : Charles West (Sheffield), ‘The Lost Kingdom: a British perspective on the collapse of Lotharingia’

The Treaty of Verdun had seen the division of the Carolingian world between Charlemagne’s three surviving grandsons, Lothair I (who inherited the imperial title), Louis the German and Charles the Bald. Then appeared the Francia media, a wide territory between Italy and the North Sea, and which returned to Lothair I who could thus take possession of the former unitary capital, Aachen. Lothair I, however, died in 855, forcing a new division. His son Lothair II then took possession of a realm between Meuse and Rhine that now bore his name, Lotharingia. Rich, willingly rebellious but divided into rival families, the regional nobility led for more than a century a delicate policy of switching between West Francia and Germania. Memories of this period were often reactivated by European historiography: first by the Bourbons, to justify the rights of the Crown of France over Lorraine, then by the nascent Germany, to negotiate its western borders. In the nineteenth and twentieth centuries, the memory of the lost Francia media was also an element of identity for the young Luxemburg. Now torn between five European countries, this phantom kingdom of the tenth century remains an object of fantasy: the dream of a lost unity that probably never existed. The purpose of this conference is to show the profound renewal that historiography has undergone through the hitherto marginal point of view of British historians.

 

Charles West is professor in Medieval History at the University of Sheffield.  His research focuses on Europe in the ninth and tenth centuries. His publications include The Divorce of King Lothar and Queen Theutberga: Hincmar of Rheims’s De divortio (Manchester University Press, 2016).

Séance du 16 février annulée

En raison de l’appel à une journée de mobilisation interprofessionnelle contre la réforme des retraites,  nous annulons la séance du 16 février avec Sally Holloway, que nous réinviterons à une date ultérieure.

Prochaine séance, le 23 février : Charles West (Sheffield),  “The Lost Kingdom: a British perspective on the collapse of Lotharingia”.

Laurent Curelly, “Edward Sexby et Killing Noe Murder : pour une histoire radicale de la Révolution anglaise?” (9 fév.)

Jeudi 9 février à 17h (D421 à Serpente)

Laurent Curelly (Mulhouse) : “Edward Sexby et Killing Noe Murder : pour une histoire radicale de la Révolution anglaise?”

Au printemps 1657 fut publié en Flandres et diffusé en Angleterre Killing Noe Murder, pamphlet sulfureux qui non seulement légitimait le recours au tyrannicide mais appelait spécifiquement à l’assassinat d’Oliver Cromwell, Protecteur d’Angleterre. L’objet de mon intervention est d’explorer les différentes facettes de ce texte, dont François-René de Chateaubriand écrivit qu’il s’agissait du « pamphlet le plus célèbre de son époque ». On étudiera les circonstances dans lesquelles il fut diffusé. On tentera également d’identifier son auteur. On se penchera enfin sur ses divers avatars anglais et français. Ces différentes pistes permettront de brosser un tableau de la Révolution anglaise des années 1640-1650, mais aussi de réfléchir aux lectures possibles de l’époque révolutionnaire qui l’enfanta et, ce faisant, de promouvoir une certaine histoire radicale des îles Britanniques.